La triennale « Photographie et Architecture » est organisée dans le cadre des missions culturelles que se donne la faculté d’architecture La Cambre Horta de l’Université libre de Bruxelles. Ce cadre est important.

Lorsqu’une faculté d’architecture prend l’initiative d’organiser une exposition de photographies, c’est à l’exercice du regard qu’elle invite l’ensemble de sa collectivité et des visiteurs.

En effet, notre mission de pédagogues consiste prioritairement à faire émerger la conscience suivant laquelle faire de l’architecture, c’est avant tout lire et comprendre une situation spécifique avant de l’interpréter et de la transformer.

Lire, comprendre et interpréter c’est-à-dire « se représenter le monde ».

Transformer c’est-à-dire mettre en forme des propositions de mondes où se disposeront des existences, comme se plait à le dire Nicolas Hannequin. Le célèbre architecte américain Louis Kahn parle de l’architecture comme d’ « un monde dans le monde ». En ce sens, la photographie est architecture puisqu’elle constitue un espace habité, construit par le sens d’un regard informé. Ces merveilleuses disciplines ont cela en commun qu’elles ne peuvent être que des propositions généreuses de réalités singulières, qu’elles s’éprouvent plus qu’elles ne cherchent à prouver, qu’elles constituent des traces de cette fabuleuse aventure de l’esprit humain.

Nous voudrions que l’une des caractéristiques de notre triennale soit essentiellement d’évoquer l’architecture ou l’urbanisme au-delà de leur valeur formelle et de leur dimension esthétique afin d’investir leurs épaisseurs humanisées, invisibles, codées, cartographiées, leurs valeurs d’échange, non marchandes, les sens qu’ils contribuent à établir à travers leurs signes, dans une réalité la plus éloignée de leur statut d’objet. Cette « sensibilité » orientera certainement nos choix dans une manifestation qui tend à une forme d’engagement.