Ulrich Lebeuf
Sélection du commissaire
Il en photographie le quotidien avec énormément de pudeur pendant que la production pornographique exhibe sans réserve ce qui est invisible dans la sexualité quotidienne.
Il revendique le statut de « reportage » pour un travail qui, en somme et assez simplement, raconte l’histoire de ce qui se définit essentiellement comme un hors récit, la pornographie réduisant de prime abord la contrainte narrative à sa portion congrue. Hors récit ? Certes, si on l’envisage sur le stricte plan de la trame narrative du scénario. Ce qui serait sans doute une erreur fondamentale tant la pornographie renvoie à un espace symbolique chargé des significations inscrites au plus profond de nous sur notre rapport à la relation homme/femme, à la sexualité et au plaisir. La pornographie célèbre un monde de la performance permanente et de la jouissance impérative où les individus se retrouvent hors d’eux-mêmes pour incarner une matérialité du plaisir. Elle nous propulse dans l’illusion d’un réel où l’instant est permanent et saturé. Et cette illusion est justement rendue possible parce que dans la majorité des cas, l’espace physique dans lequel la scène est tournée renvoie aux intérieurs banals des classes moyennes ou populaires. L’illusion tient dans le bouleversement des rapports d’espace/temps, les objets du quotidien acquérant tout à coup dans une opérationnalité déviée une charge symbolique inexploitée ou inavouée (le divan, la baignoire, l’escalier mais aussi le lavabo, le frigo, la table de cuisine etc ...n’étant plus vus comme tels mais comme lieu possible d’un plaisir infini) et le temps étant celui de l’immédiateté permanente, du tout-de-suite avéré dans une disponibilité totale des protagonistes.
Sans voyeurisme (à l’exception comblée d’un Christ roi dans un cadre doré), elles nous renvoient à notre propre expérience, à notre ressenti personnel d’espaces traversés qui, à peu de choses près, pourraient être ceux d’une vieille tante de province ou de ....non ! ma mère !
L’émergence des chaînes câblées et d’Internet comme moyens d’accès au X, aurait sacrément démocratisé, voire banalisé le genre. Total, 57 % des sondés indiquent avoir déjà visionné en couple un film Porno, de préférence à domicile (86 %). Les femmes admettent en voir plus facilement avec leurs partenaires (59 %) que toutes seules (50 %). |
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