CORPS DE VILLE CORPUS DE FILMS
P.A.F.
2 Euros la séance
3 Euros pour deux séances journalières
5 Euros pour les quatre séances
Vendredi 11 Avril / 17H30
Sur un axe Nice-Paris-Amsterdam et au fil de trente-cinq ans d’histoire du cinéma, trois petites perles de cinéma documentaire en noir et blanc par trois cinéastes alors aux débuts de leurs parcours respectifs. Trois angles d’approches, explicites ou implicites, de trois réalités de fractures sociales urbaines… En 1930, alors que le cinéma hollywoodien chantait déjà le jazz depuis deux ans, Vigo et son opérateur russe Boris Kaufman ne font parler que les images dans ce film muet sans intertitres pour faire éclater à l’écran les inégalités entre nantis et laissés pour compte en bordure de Côte d’Azur. Au début des années soixante, le cinéma a la possibilité d’être bavard. Il peut prendre la parole et, en voix off, mettre des mots calmes et lucides - mais acérés comme des couperets - sur l’exclusion sociale et culturelle des habitants de la banlieue parisienne. Il peut aussi écouter et donner la parole à une bavarde et malicieuse gamine de dix ans, issue d’une famille nombreuse des classes ouvrières d’Amsterdam. Vendredi 11 Avril / 20H30
En 2004, Alexander Hacke, bassiste du groupe berlinois Einstürzende Neubauten, était déjà venu à Istanbul afin de s’occuper du son du film "Gegen die Wand" ["Head-On"] de son ami Fatih Akin. En 2005, les deux hommes y revenaient dans le but de dresser un inventaire kaléidoscopique, en sons et en images, des musiques de la métropole et de soumettre à l’épreuve de l’observation par l’œil et par l’oreille quelques clichés – forcément tout autant vrais que faux – sur son caractère de pont entre l’Orient et l’Occident. En suivant la grande silhouette dégingandée et séductrice du musicien allemand, de l’ancien quartier malfamé de Beyoglu aux palaces de quelques superstars et divas locales de la musique populaire – sans oublier un détour passionnant par la petite ville rom de Kesan -, le long d’un parcours musical mixant e.a. (post-) rock, hip-hop, fusion, dj’s, musiques de rues ou de fêtes tziganes, complaintes kurdes et variété romantique, Fatih Akin prouve à qui en douterait qu’une ville sans musique ne peut être qu’une ville morte. Et – réciproquement – que dans une ville vivante, la musique est partout : activité commerciale florissante pour quelques-uns, arme de critique ou de survie pour d’autres, moins bien lotis, et partie intégrante de l’imaginaire urbain collectif pour presque tous. Samedi 12 Avril / 17H30
Au début du vingt-et-unième siècle, la ville a changé. Elle ne ressemble plus ni à l’Amsterdam de "Beppie", ni à la Nice de Vigo et Kaufman. Un nouvel urbanisme est passé par là ; des tours ont poussé... La photographe belge Marie-Françoise Plissart (une des participantes à la précédente édition de la biennale "Photographie et architecture") s’y perche pour filmer la ville (Bruxelles) et ses habitants de haut, à leur insu, en respectant leur anonymat, non pas comme une caméra de surveillance mais plutôt comme un ange gardien. Le jeune animateur gantois Joris Geirnaert divise son écran en quatre et fait disparaître par la pensée la façade d’un immeuble d’appartements pour scénariser le petit théâtre des relations de voisinage de quatre de ses habitants. Filmé comme "en élévation", en deux dimensions, sans illusion de perspective ou de profondeur, le film joue sur le double sens de son titre : vie de flat, d’appartement / vie plate, sans relief. Tandis que le photographe Raymond Depardon rend public sa difficulté à filmer New-York ("Je n’arrivais pas à filmer cette ville, elle était trop forte. Ma pensée était ailleurs. Les jours passaient et je n’avais plus de pellicule.") ; mais il y a quelque chose de splendide dans ce que le cinéaste considère comme un échec. Samedi 12 Avril / 20H30
Huit ans après la proclamation de la déclaration Dogma95 et cinq ans après "Les Idiots", le cinéaste danois Lars Von Trier s’attaque cette fois à une contrainte d’espace et de mise-en scène. Dans ce premier volet du triptyque "USA – Land Of Opportunities", l’action se déroule en 1929 dans une bourgade en périphérie d’une petite ville des Rocheuses. Le film est entièrement tourné en studio. Tant l’espace public (le croisement de quelques rues) que les maisons des personnages principaux, ne sont suggérés que par quelques meubles et accessoires très parcimonieusement choisis et par le dessin au sol de la limite des espaces et l’indication de leur dénomination, comme sur un plan de géomètre ou d’architecte – ou comme sur un plateau de jeu de société grandeur nature. C’est au milieu de cette sorte de huis clos ouvert à tous vents, aux murs transparents qui ne cachent rien, que se déroule le drame, assez brechtien, des relations troubles entre les membres d’une communauté qu’on dit "sans histoires" et une jeune fuyarde qui vient s’y réfugier et prend progressivement de la valeur – monétaire / échangeable – à leurs yeux. |
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