Agnès Orban (1950, Née à Mons, Réside à Bruxelles)

Il est des terres d’évasion déposées avec tendresse dans les interstices des villes, des lopins égarés où le paysage se dessine par accumulation, où l’idéal s’organise par le désordre, où l’essentiel se traduit dans l’anodin. Il est des terres de paradoxe où le stricte nécessaire se fait complice de la futilité, où l’on se trouve un visage en y cherchant un lieu, où l’horizon tend l’infini au cordeau de quelques rêves accomplis.
Il est des terres de l’essentiel où tout se récupère, de l’eau de pluie à la symétrie sanctifiée par la présence de Dieu.
Il est des terres de l’extrême où l’exigu confine à la lenteur, où la densité respire, où la compacité rassure.
Il est des terres sacrées où tout est matériau, de la tôle ondulée au chant du coq de l’aurore, de la toile cirée à la rosée matinale, du rideau de récup à l’ombre de la vigne, du bonheur d’être là au souvenir de ce qui semble juste.

« A partir de quand un lieu devient-il vraiment vôtre ?...Est-ce quand on a punaisé au mur une vieille carte postale représentant le songe de Sainte Ursule » ? interpelle George Pérec.

Agnès Orban a su faire siennes ces terres de partage en blottissant son regard au cœur même de l’intime de ces potagers urbains bruxellois.

M.M