Nathalie Desserme(1971, Née à Roche sur Yon, Réside à VINCENNES)

Nathalie Desserme s’attache depuis 5 ans à photographier les univers urbains avec, comme fil conducteur, l’histoire des quartiers populaires représentatifs de l’épopée ouvrière.
Elle a arpenté les quartiers de Cornigliano à Gênes, d’Anfield à Liverpool, de Belleville à Paris pour actuellement parcourir la Chine. C’est de ce vaste projet qu’est extraite la série « Nowa-Huta 2004 » exposée dans le cadre de cette biennale.
Si Nathalie Desserme estime que ses prises de vues n’ont de sens qu’inscrites dans une série sélectionnée scrupuleusement, c’est que la trame narrative qui s’en dégage ainsi a l’ambition de témoigner de l’histoire parcourue des moments significatifs de ces quartiers.
Au-delà donc de l’arrêt sur image documentaire, cette photographe collecte en traversant les espaces publics les indices susceptibles d’instruire sur les métamorphoses liées à cette histoire, qu’elles soient inscrites dans l’architecture et l’urbain ou liées seulement aux différentes situations politiques, sociales, environnementales qui en ont déterminés les événements significatifs.
Il faut donc interpréter ces assemblages comme une sorte de rébus visuel dont les images sont autant de clefs pour comprendre l’histoire et la nature des villes traversées, rébus où vues d’ensemble et détails anodins dialoguent et se complètent dans une évocation énigmatique.

Nowa-Huta (« nouvelle fonderie ») est une ville nouvelle construite par Staline en banlieue de Cracovie (Pologne) dans les années 40, en réponse à la farouche résistance de cette ville au projet communiste. Composée par l’architecte Tadeusz Ptaszyck, c’est un modèle de Réalisme Socialiste.
Outre son implantation autoritaire, son histoire est émaillée par les révoltes sanglantes des années 60 et 70 liées aux revendications en matière de pratiques religieuses interdites par le pouvoir communiste, par le déclin rapide des activités industrielles et la précarisation de la population ouvrière, par le maintien d’une partie de l’outil par une multinationale indienne au mépris de la salubrité des conditions de travail et parallèlement à cela, depuis le début des années 2000, par la « gentrification » de certains quartiers investis par des artistes émergeant et la muséification de la ville dont la relativement bonne conservation des édifices permet de développer une nouvelle activité touristique en plein essor alors que les fonderies sont depuis peu interdites au public.

M.M